« Si tu sais marcher, tu sais danser ». Cette phrase, que quelques profs de danse annoncent parfois, peut rassurer les plus réticent·es d’entre nous. Pour danser, il n’y a pas toujours à savoir faire et pas forcément besoin de cours. Yves Guilcher, qui a étudié les danses traditionnelles et leur revivalisme actuel, affirme qu’il fut un temps où la transmission des danses en bal se faisait sans apprentissage. Qu’elle tourne en ronde, en chaîne, ou en couple ouvert (1) : « personne ne s’est préoccupé de transmettre la danse à la génération suivante (pas plus que la langue, et moins qu’elle encore peut-être). Les adultes se sont contentés de danser entre eux, et pour eux. Et la danse s’est transmise tant que les enfants ont eu envie de danser comme leurs parents. En intégrant la danse de leurs aînés, ils intégraient le monde des adultes, et au-delà, la société telle que la génération précédente les vivait. […] Du jour où les jeunes ont eu envie d’autre chose que la danse des vieux, ils ont cessé d’apprendre d’autant plus facilement que personne ne les y avait jamais contraints. » (2) L’ethnologue l’affirme donc : « La danse implique la société en même temps qu’elle l’éclaire. » De la ronde chantée au duo en couple fermé, en vogue aujourd’hui (lire p.11), alors que nos rythmes n’ont plus rien à voir avec ceux des sociétés paysannes traditionnelles, souvent maintenant l’on prend des cours, avec diverses méthodes (lire p. 9). Puis selon son degré d’aisance dans le mouvement, comme en cuisine on s’émancipe des recettes, on sort la danse des carcans, on explore le mouvement, avec généralement pour objectif de prendre plaisir et de s’amuser. La beauté du geste dans tout ça ? On y pense, sans doute. En tirant le fil de la danse qui relie, ce n’est pourtant pas forcément ce qui guidera nos pas.