La danse nous aide alors à faire valser le quotidien, ou tout simplement à valser avec lui. Pourquoi ne pas nous laisser imprégner par les éléments ou par notre environnement, aussi imprévisible soit-il, pour guider nos mouvements ? Se laisser couler comme de la lave ou fondre comme de la glace, expérimenter le poids contre-poids à la façon de la tectonique des plaques, se laisser bercer par l’onde sonore du vent dans les arbres ou encore la stabilité d’une table… S’inspirer de climatologie, de géologie, de sociologie, et de nos relations, toutes nos relations y compris celles que nous avons avec la roche, la glace, les éléments, le végétal… Au sein de la Compagnie Strates, Aline Fayard et Sandra Wieser explorent quelques pistes en ce sens : « Expliciter les questions de fonte, de fragilité, d’instabilité des milieux de montagne. Tout cela fait travailler au corps d’autres rythmes, d’autres types de mouvements. » Parmi les buts recherchés : « Transformer nos attentions, idéalement de manière durable. » Elles ont parfois invité le public à des « marches chorégraphiques ». Vous suivez un topo – le « topo-brouille » -, qui vous indique divers protocoles selon les espaces, pour « se mettre dans un état de présence et d’attention à ce qui nous entoure ».
Finalement, d’un trémoussage solo en discothèque à une valse à cinq temps sur parquet, en passant par une chorégraphie collective pour affirmer ses revendications, c’est peut-être avant tout cela, la danse : une connexion, avec soi, les autres, l’environnement, une lutte commune… Alors, dansons maintenant !*
Lucie Aubin
* C’est même l’invitation qu’on vous fait pour soutenir le journal.
1- Rien à voir avec le polyamour ! Dans une danse de couple ouvert, le couple n’est pas « fermé sur lui-même », par opposition au couple formé dans une valse par exemple.
2- La danse traditionnelle en France, d’une ancienne civilisation paysanne à un loisir revivaliste, Yves Guilcher, éd. ADP-FANDT, 1998.
3- Jour après jour, La Chevêche, de Vladimir Léon, SaNoSi prod., 2023, 52’.
Sur le travail mené par Julie Despariries dans une ferme du Vercors et dont est tirée la photo ci-dessus, voir aussi du même réalisateur : Tes jambes nues, SaNoSi prod., 2022.
Légende photo : Avec des habitant·es et des danseurs·euses, Julie Desprairies fait danser les lieux qu’elle rencontre, ici une ferme du Vercors, où sont développées des techniques d’auto-suffisance énergétique et alimentaire (3) © Julie Desprairies, Tes jambes Nues, film de Vladimir Léon.
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