« On va refaire la même scène, mais filmée sous un angle différent. Comme ça, au montage, on aura différents plans. » Derrière la caméra, Benjamin Piat guide les comédiens amateurs. Tous sont livreurs à vélo, et reçoivent une indemnité en chèques de services pour compenser ces heures où ils ne pédalent pas. Ils ont élaboré ensemble le scénario : c’est l’histoire d’un coursier victime d’un accident du travail qui refuse d’aller à l’hôpital et veut tout de suite retourner travailler. Une fiction qui colle à la réalité… Les accidents de la circulation, « c’est un sujet qui arrive tout de suite quand on discute avec des livreurs. Ils ont tous une dizaine d’histoires qui leur sont arrivées, à eux ou à leurs collègues », note Marwân-al-Qays Bousmah. Chercheur à l’Institut d’études démographique (Ined), il travaille depuis un an sur l’exposition aux risques professionnels et sur les problèmes de santé des livreurs. La réalisation de ce film d’une vingtaine de minutes est une étape dans sa recherche, qui comprend une approche participative. « On ne réfléchit pas seul devant son ordi. Le but est de renforcer le pouvoir d’agir des personnes directement concernées, de faire en sorte qu’elles s’emparent des résultats pour proposer des solutions. »